Sur la lisière de la forêt, ils sont là debout, aux portes de l'hiver.
Depuis bien des années, ils se sont rencontrés, ils sont devenus couple.
Bien plus jeune, elle s'appuie à lui, les bras levés.
Rocher inébranlable, il s'incline vers elle, il l'attendait.
Du côté du coeur, une confiance s'épanche, une fidélité se dit, en secret.
Le vent, un peu indiscret, enregistre leurs confidences.
Sous leur habit pierreux, tant de délicatesse, de force, de patience, une flamme.
Besoin de se pencher  pour abolir les distances,
de s'enlacer pour goûter à l'amour qui rajeunit.
Les autres se fuient plutôt, prennent leurs aises ou s'écartent ;
eux vont rester unis, maintenant pour toujours.
A la fin de leur vie, chargés d'ans, ils partiront ensemble.

                                                                     Amédée Besset
                                                                     ( Aubrac Symphonie )

Le déversoir du lac des Salhens, fait ici une chute de 32 mètres  
du haut d'une falaise de basalte prismé.
Pour s'y rendre : 
(A partir de Nasbinals, prendre la D 900 en direction de Marvejols. A montgrousset
prendre la D 52 en direction des lacs.

Les truques d'Aubrac  (altitude : 1439 m )

et le bois de Rigambal  font partie de la forêt domaniale d'Aubrac.

   Qu'ils soient sorbiers ou petits chênes sur la caillasse, gros hêtres en troupes,

à bout de bras à bout de feuilles,

ils continuent le vent qui sans cesse les essouffle,

se pliant ou ployant pour gémir avec lui, essayer de le rejoindre.

J'avoue un penchant prononcé pour ceux qui,

tout seuls, essaient de faire front, de tenir tête face à l'insurpassable.

Ce sont  les guetteurs de la steppe, les veilleurs des nuées,

ces très avancées sentinelles, silencieuses et immobiles,

qui se fondent dans le décor, s'efforcent à l'effacement

comme pour déjouer une déconcertante, une inattendue,

une improbable offensive...

Patrick Mialon
( Désir d'Aubrac )

     Fasciné par l'azur, grand ami des oiseaux,
     un sorbier chargé de baies s'accroche au basalte
     sur le flanc du neck de Belvezet.
     Quelle folie l'a fait planter là, dans le grand vent !
     Quelle obstination sans limite !

     Le soleil vient lui faire une sève ardente,
     mais ses racines sont condamnées à suivre le chemin de la soif.
     Toujours en quête de quelques gouttes d'eau,
     elles cherchent la moindre fissure, explorent chaque pincée de terre.

     La vie, toujours la vie, je la vois peiner sur l'Aubrac.
     Partout, elle va jusqu'au bout du risque.
    Depuis longtemps dans le tourment, elle épouse la patience des pierres.

        Amédée Besset
       (Aubrac Symphonie )